Un modèle « caténaire » et tensif pour la structure du carré sémiotique

Cette communication se présente comme un modeste hommage à Claude Zilberberg et à sa Sémiotique Tensive, aujourd’hui légitimement établie dans la sémiotique (européenne). Le texte pionnier de Zilberberg, Essais sur les modalités tensives (1981), qui lancent les préliminaires du point de vue tensif, mérite une relecture et une attention particulière. La sémiotique dite standard ou classique, voire même catégorielle, venait d’achever sa consolidation moyennant la parution d’un dictionnaire commenté de son métalangage – Dictionnaire raisonné de la théorie du langage (1979), rédigé conjointement par Greimas et son disciple J. Courtés. Trois vertus notables distinguent d’emblée la sémiotique tensive de Zilberberg : a) la modestie de reconnaître la sémiotique de cette époque, qui, en dépit de la connaissance du concept de tensivité ou de phorie, accordait au principe de différence la faculté de régir le modèle central d’articulations des sémantismes dans le carré sémiotique ; b) l’audace d’ériger le concept de tension au même niveau que la différence et de revendiquer une « parité » : « pas de différence sans émoi, pas de tension sans dictée d’une différence » (1981 : vii) ; c) la persistance de défendre la valeur théorique d’un métalangage en expansion continue, parfois qualifié de délire ou de vertige, mais dont l’objectif s’est inscrit et s’inscrit invariablement dans la droite lignée de la réflexion greimassienne, avec une double conviction : a) que la sémiotique se pose comme une discipline de l’intuition, qui « nous empêche de dire n’importe quoi » sur le sens, et b) que son métalangage, apparemment compliqué et prolixe (pour un regard non avisé), vise à éviter que la théorie ne retombe dans le régime des « commentaires pieux » ou des « exégèses respectueuses », et progresse sous le régime de « savoir de quoi l’on parle » (1981 : x). Cette communication entend explorer une suggestion de Zilberberg, au détour d’une réflexion, selon laquelle « le catégorique présuppose le graduel qui le fonde » et « le catégorique est obtenu par suspension des termes caténaires et par conservation des termes extrêmes » (1981 : 10). Le vocable caténaire – du latin catena [chaîne] – désigne en géométrie la forme courbe prise par un câble (ou une chaîne) lorsqu’il est suspendu par ses extrémités et soumis à son propre poids. Cette figure géométrique permet de « refléter » le gradient de tensivité – la figure d’un L, axe intensif à la verticale et axe extensif à l’horizontale – couplé à son miroir (un L inversé), un second axe intensif et extensif. Le premier L se rapporte à la « tonicité » (dans la verticalité intensive) et à sa « dégradation » (dans l’horizontalité extensive) du terme premier (S1) ; le L inversé se rapporte à la tonicité et à la dégradation du terme second (S2). En somme, le gradient tensif se trouve dupliqué afin de recueillir les deux termes catégoriels du carré sémiotique, qui, de la sorte, se « tensivise ».
País: 
Brasil
Temas y ejes de trabajo: 
Las historias de la semiótica: fundaciones y continuidades
Institución: 
Universidade de São Paulo
Mail: 
waldirbeividas@usp.br

Estado del abstract

Estado del abstract: 
Accepted
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